dimanche 28 août 2016

Dans le silence de ton cœur



Couverture de Dans le silence de ton coeur
Auteur : Alice RANUCCI
 
Prix : 16E
 
Edition : Hachette

Résumé

Claudia a seize ans. Issue d'une famille bourgeoise privilégiée, elle n'a jamais eu à manquer de rien. Mais, de petite fille sage et introvertie, elle s'est transformée en une jolie adolescente sûre de soi, arrogante, pleine de mépris envers le monde, constamment en butte à l'autorité parentale. Sa mère, désespérée de la voir sécher les cours et si pleine de hargne et de rancœur, l'envoie faire du bénévolat dans un centre d'accueil pour jeunes immigrés. En vain. Quand Claudia rentre un soir, après avoir déserté un certain temps la maison familiale, elle s'attend à une scène, mais personne n'est là. Son père ne revient qu'au milieu de la nuit, en larmes : sa mère a trouvé la mort dans un accident de voiture. Petit à petit, coincée entre son père qui noie son chagrin dans l'alcool et semble ne plus la voir, son propre deuil impossible, et son sentiment de culpabilité, Claudia va prendre conscience de ses erreurs. Cette redécouverte de soi est lente et douloureuse, mais va lui permettre de faire la paix avec elle-même et son passé.

Mon avis

J’ai été attirée par ce livre en raison du résumé qui permettait une comparaison avec Hell de Lolita PILLE avec une héroïne cassante et cynique. Sans aller aussi loin que PILLE, on peut effectivement comparer ces deux livres : les auteures sont très jeunes et font plus un témoignage qu’une fiction par une narration quasi-orale. La narratrice semble écrire ses pensée ce qui donne un style très oral : phrases courtes mais percutantes. Et si la couverture et le résumé ne semblent pas très originaux, c’est cette narration qui distingue un mélodrame New Adult d’une véritable œuvre littéraire.

Claudia, 16 ans, ne pense qu’à boire, sortir et à Rodrigo. Les disputes entre sa mère et elle sont donc nombreuses. Mais pour Rodrigo, elle est prête à tout, y compris braver la colère de sa mère. C’est donc en la cherchant que celle-ci a un accident de voiture et y laisse la vie. La mort de sa mère ouvre les yeux à Claudia : ses amis sont fascistes et sa vie est vaine, il faut remédier à cela. Elle décide alors de lui rendre hommage en terminant sa dernière punition : être bénévole pour un foyer d’immigrés.

Les thèmes traités sont donc forts et d’actualité : la disparité des richesses, la pauvreté croissante, les immigrés de guerre ou qui cherchent un Eldorado. On connaît malheureusement tout cela mais traité par les infos. Le récit est moins impartial, on s’attache à ces victimes et petit à petit on devient comme Claudia : d’indifférents ou vaguement compatissants, on devient engagés et écœurés par le comportement des autres. Ces autres sont les amis de Claudia et même si ils exagérés, je trouve qu’ils représentent notre comportement : la bimbo, le macho, les soumis, les méprisants… On a tous un peu de cette essence en nous et Ranucci nous fait voir notre confort et notre chance. L’héroïne n’est pas franchement attachante mais nous faire compatir à ses malheurs n’est pas le but de l’auteure. Elle nous montre la puérilité et l’idiotie de ses 15 ans. Son récit est un exutoire destiné à son père qui augmente l’aspect autobiographique. Le récit est donc plus authentique et touchant. Cependant, je dois avouer que j’ai trouvé quelques longueurs dans la lecture bien que celle-ci soit vraiment rapide. La base de l’intrigue est trop classique : la fille rebelle dont le père se fiche, la mort de la mère, la repentance. C’est du déjà-vu. Sans compter que la promesse d’une héroïne badass et le cynisme ne sont pas franchement au rendez-vous. C’est un Hell pour très jeunes adolescents qui aime se concentrer sur le changement d’une héroïne. Je ne dirai pas que je suis fan car il n’y a pas assez de drame pour moi, mais ça reste un bon livre pour voir d’un autre œil les problèmes de société.

En bref

Apprécié
Non-apprécié
-          Les thèmes forts : immigration, pauvreté, disparités, montée du fascisme chez les jeunes
-          L’écriture : percutante et lecture rapide en moins de deux heures
-          L’aspect autobiographique qui rend l’écriture plus authentique et touchante
-          La comparaison possible avec Hell de Lolita PILLE
-          La base de l’intrigue trop classique : la mort de la mère, la fille rebelle amoureuse du mauvais type
-          La promesse d’une héroïne cassante

 

Extrait

« Il s’éloigna. Suivi par cinq cent paires d’yeux braqués sur lui, ardents, envieux.

-          Incroyable ! couina Giorgia. Tu te rends compte ? Giulio veut t’arranger un coup avec Rodrigo !

Je n’étais pas sourde, j’avais entendu. Mais certaines personnes aiment faire l’écho et résonner ds la tête des autres.

-          Laisse tomber, répliquais-je avec une indifférence feinte. Mais je ne parvins pas à réprimer un ricanement supérieur et satisfait.

J’étais désormais plus forte qu’eux. Et quelle satisfaction ressent-t-on à être la plus forte ds un monde où c’est la seule chose qui compte vraiment ? Eh bien, une satisfaction infinie. »

 

A savoir

Voici ma chronique sur Hell de Lolita PILLE qui va plus loin dans le cynisme de l’héroïne et le drame : http://lecturesdunenuit.blogspot.fr/2014/06/hell.html

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