samedi 12 mars 2016

Les yeux du dragon


 
Couverture : Les Yeux du Dragon
Auteur : Stephan King
 
Prix : 16E (possibilité de le trouver en poche dans la collection Pocket)
 
Edition : Flammarion
Résumé
Un prince jeune et vertueux aux prises avec un magicien machiavélique qui l’emprisonne pour parvenir à s’emparer du pouvoir en gouvernant à l’ombre de son frère, jeune garçon faible et falot… Des trous percés dans les yeux d’un dragon qui permettent de surprendre un crime odieux… Mais la peur contraint au silence…
Dans le royaume de Delain, le vieux roi Roland le Bon a eu deux fils, dont un conçu à l’aide de l’elixir de son magicien Flagg, son très redouté conseiller. Celui-ci complote afin de régner sur le royaume. Sachant qu’il ne pourra manipuler le fils aîné du roi, le brillant Peter, il le fait accuser de la mort de son père et l’enferme dans le donjon du chateau, l’Aiguille, installant Thomas, son cadet, sur le trône. Mais Peter a de la ressource, et malgré les difficultés, il va mettre au point un plan destiné à sa fuite. Y parviendra-t-il ? Flagg ne va-t-il pas se douter de quelque chose ? Peter n’a-t-il pas encore des amis lui étant demeuré fidèle, des gens pour croire en son innoncence ? Peut-être…
 
Mon avis
Je n’avais jamais lu Stephan King que l’on vante comme étant le maître de l’horreur. Je suis assez insomniaque pour ne pas en rajouter, mais quand Flammarion a réédité ce livre, je n’ai pas pu résister. Dès le 1er chapitre, j’ai été envoutée par la narration, l’histoire et le merveilleux. C’est le but de King de rendre compte d’un compte de fée et c’est une parfaite réussite.
Dans le royaume de Delain, la monarchie s’affaiblit peu à peu. Le roi Rolland est assez mou et c’est le sorcier Flagg, toujours dans son ombre, qui le conseille. Pourtant, Rolland a donné naissance à deux héritiers : Peter et Thomas. Et si ce dernier est aussi décadent que son père, Peter est le véritable renouveau. Il éclaire l’avenir de son royaume et les zones d’ombres laissées par Flagg. Peut être un peu trop…
Je ne suis pas une fana de la narration mais là, j’ai été soufflée. Vous savez quand un film commence par l’ouverture d’un grimoire qui nous raconte l’action du film ? Ben voilà, vous tenez le genre de récit qui est fait dans Les yeux du dragon. C’était assez bluffant. J’aurai pu jurer que j’avais 5 ans et que ma mère me racontait un conte de fées pour me border. Enfin, attention, conte de fées au sens de « merveilleux » parce qu’il s’agit de King, quand même. Il y a du sang et des tripes. Pas beaucoup, mais les papillons ne voltigent pas dans le ciel, quoi ^^. L’histoire, d’ailleurs, se rapproche des vrais contes de Grimm ou Perrault : abus du pouvoir, usurpation, trahisons, quête, emprisonnement… C’est un vrai roman épique que nous avons là qui alterne les différentes voix : Peter, Flagg, Thomas, Rolland. On passe sans cesse des uns aux autres en restant seulement quelques pages sur leurs épreuves. L’intrigue avance, on ne se lasse pas, tout le monde est heureux. Une véritable ambiance à la Game of Throne ! Et le suspens est maintenu jusqu’au bout. Un film bien adapté serait un gros succès. Réellement enchantée par Stephan King, je lirai d’autres œuvres de lui et en vient à me demander si le maître de l’horreur n’est pas plutôt le maître du suspens.  
En bref
Apprécié
Non-apprécié
-          La narration : narrateur externe qui nous lit une histoire (ironie et ton impliqué)
-          De la violence dans un roman plus épique que merveilleux : ambiance à la Game of Throne
-          Les protagonistes
 
 
Extrait
« Dans le regard calme de Peter, Flagg lisait la possibilité de l’échec de son plan et de tout son travail. De plus en plus, il était convaincu de la nécessité de s’en débarrasser. Flagg n’était déjà resté que trop longtemps à Delain et il le savait. La rumeur commençait à se propager. Le travail si bien commencé sous le règne de Roland – l’augmentation régulière des impôts, les fouilles nocturnes des granges des petits paysans pour démasquer les récoltes non déclarées et la nourriture cachée, l’armement massif des gardes du territoire –, tout cela devait continuer jusqu’au but final sous le règne de Thomas. Il ne pouvait pas se permettre d’attendre la fin du règne de Peter, comme il l’avait fait pour sa grand-mère.
Peter n’attendait peut-être pas pour agir que les bruits parviennent jusqu’à ses oreilles ; son premier ordre en tant que roi pourrait très bien consister à envoyer Flagg vers l’est, hors des frontières du royaume, pour ne jamais l’autoriser à revenir sans risquer la peine de mort. Flagg serait parfaitement capable de tuer n’importe quel conseiller avant qu’il ne puisse suggérer de telles idées à l’oreille du jeune roi, mais, le problème, c’était que Peter n’aurait pas besoin de conseiller. Il prendrait ses décisions tout seul, et quand Flagg voyait le regard froid que le jeune garçon âgé de quinze ans, très grand déjà, portait sur lui, il pensait que Peter s’était déjà résolu à prendre une telle décision. Le garçon aimait la lecture, surtout les livres d’histoire, et au cours des deux dernières années, tandis que son père devenait de plus en plus frêle et de plus en plus grisonnant, il avait posé beaucoup de questions aux autres conseillers de son père et à ses professeurs. Beaucoup de ces questions – beaucoup trop – concernaient Flagg ou des voies qui mèneraient à Flagg si on les suivait assez longtemps.
Que le garçon se préoccupât de ce genre de chose à quatorze et quinze ans était vraiment mauvais signe. Et qu’il obtienne des réponses relativement honnêtes de la part d’hommes aussi craintifs que les historiens du royaume et les conseillers de Roland était encore bien pire. Cela signifiait que, dans l’esprit de tous ces gens, Peter était déjà presque roi et qu’ils s’en réjouissaient. Ils l’accueillaient bien et l’appréciaient parce que Peter serait un intellectuel, comme eux. Ils l’accueillaient aussi favorablement parce que, contrairement à eux, c’était un garçon courageux qui pourrait donner naissance à un roi au coeur de lion dont l’histoire alimenterait la légende. À travers Peter, ils voyaient revenir la pureté, cette force antique et humble, rédemptrice de l’humanité, qui renaissait néanmoins de ses cendres, encore, encore et toujours. »
 
 

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