vendredi 6 juin 2014

Hell




Couverture de Hell
Auteur : Lolita Pille
Prix : 8E
Edition : J’ai lu

Résumé

« Je suis une pétasse. Je suis un pur produit de la Think Pink generation, mon credo : sois belle et consomme. »

Hell a dix-huit ans, vit à Paris Ouest se défonce à la coke, est griffée de là tête aux pieds, ne fréquente que des filles et des fils de, dépense chaque semaine l'équivalent de votre revenu mensuel, fait l'amour comme vous faites vos courses. Sans oublier l'essentiel : elle vous méprise profondément... Jusqu'au soir où elle tombe amoureuse d'Andréa, son double masculin, séducteur comme elle, et comme elle désabusé. Ensemble, coupés du monde, dans un corps à corps passionnel, ils s'affranchissent du malaise qu'ils partagent. Mais les démons sont toujours là, qui veillent dans la nuit blanche de ces chasseurs du plaisir.


Mon avis

Alors que je surfais sur internet pour essayer de trouver une nouvelle lecture, je suis tombée sur ce livre et le résumé ainsi que les extraits m’ont irrésistiblement attirés (j’adore les cyniques). Ni une, ni deux, je l’ai acheté. Et pour la 1ere fois, je ne sais pas quoi penser d’un livre. Honnêtement, je ne saurais pas vous dire si j’ai aimé ou non. Tout ce que je peux affirmer, c’est qu’il est dérangeant. Vraiment… Ça commence par la narration qui va dans tous les sens : pas de description, on saute les mois sans prévenir, les phrases sont courtes… Je crois que le truc qui m’a le plus perturbé dans ce roman, c’est l’écriture qui est envoutante mais tellement étrange. On lit le roman à toute vitesse mais on ne sait pas quoi penser. Je trouve que ça donne une bonne représentation de qu’est la vie : on la subit mais on n’a pas le temps d‘analyser ou de comprendre.

On ne sait même pas quoi penser de Hell. Mais qui c’est vous allez me dire ? Hell c’est le surnom d’Ella désignant une coakaïnomane des riches quartiers de Paris (quand je dis riches, ce n’est pas exagéré : sa fortune se compte en millions). Le problème de Hell ? Elle déteste sa vie et elle ne croit en rien, elle attend simplement que la mort vienne, d’où le surnom... Puis, un jour, elle rencontre son double masculin… Si vous vous attendez à un roman d’amour classique, vous pouvez oublier et passer votre chemin. Les six mois heureux sont passés sous silence, tout comme la description que ce soit physique ou psychologique d’Andréa, autant essayer de connaitre un fantôme ; vous allez simplement suivre l’errance de Hell.

Qu’on le veuille ou non, qu’on aime ou non, la fin est si dérangeante qu’elle en devient inoubliable. D’ailleurs, j’étais si intriguée par ce roman que j’ai regardé son adaptation en film. Et…miracle ! J’ai préféré le film au roman. C’est rare ! Bon surement parce que l’écriture si dérangeante n’était pas présente ^^. On retrouve, dans ce film, ce qui manque au roman, c'est-à-dire, l’histoire d’amour et un attachement plus profond aux personnages. Honnêtement, il ne manquait au livre qu’une étincelle pour qu’il m’émeuve mais le manque d’attachement aux personnages a été fatal. Bref, tout ça pour dire que le roman et le film sont complémentaires. Seul bémol au film : le cynisme de Hell n’est pas rendu et c’est dommage car certaines réflexions du livre sont toutes à fait vraies. Si vous vous voulez une lecture hors du commun et absolument dérangeante lisez ce livre ; pour regarder une histoire d’amour dramatique, regardez le film. Mais laissez vous tenter par l’un ou l’autre, ce serait dommage de louper une  histoire pareille, même si ce n’est pas un coup de cœur (à cause de l’écriture, je ne le répèterais jamais assez), je dois avouer qu’il sera difficile d’oublier les dernières lignes du livre.



Extraits


Voici deux extraits assez contradictoires : l’un est du point de vue de Hell et l’autre de celui d’Andréa.


« On vit... comme des cons. On mange, on dort, on baise, on sort. Encore et encore. Et encore... Chaque jour est l'inconsciente répétition du précédent: on mange autre chose, on dors mieux, ou moins bien, on baise quelqu'un d'autre, on sort ailleurs. Mais c'est pareil, sans but, sans intérêt. On continue, on se fixe des objectifs factices. Pouvoir. Fric. Gosses. On se défonce à les réaliser. Soit on ne les réalise jamais et on est frustré pour l'éternité, soit on y parviens et on se rend compte qu'on s'en fous. Et puis on en crève. Et la boucle est bouclée. Quand on se rend compte de ça on a singulièrement envie de boucler a boucle immédiatement, pour ne pas lutter en vain, pour déjouer la fatalité, pour sortir du piège. Mais on a peur. De l'inconnu. Du pire. Et qu'on le veuille ou non, on attend toujours quelque chose. Sinon, on presserait sur la détente, on avalerait la plaquette de médocs, on appuierait sur la lame de rasoir jusqu'a ce que le sang gicle... »



« Je ne baisais que des putes, jusqu'à ce que je la rencontre...

Je suis assis dans mon salon, assis face à la nuit, et je contemple la ville qui s'allume. Je bois une vodka tonic, et je pense à Hell.

Je l'ai rencontrée en faisant les boutiques, elle sanglotait devant chez Baby Dior, je n'ai jamais su pourquoi. Elle était habillée tout en noir et d'une beauté d'écorchée vive, pendant deux mois, son regard m'a hanté, mais je n'ai rien fait pour la revoir. Je ne voulais pas provoquer le hasard. On s'est recroisés, un dimanche à minuit, je l'ai emmenée dîner à la Calvados, et elle a chanté une chanson de Ferré à propos des amours mortes en me regardant dans les yeux comme si elle y lisait.

A partir de ce jour, j'étais foutu, j'étais accro. Dépendre de quelqu'un d'autre que de moi-même, m'affaiblir, me torturer, c'était tout ce que je redoutais.

Hell m'avait eu et elle ne l'avait pas fait exprès. Tout ce qu'elle voulait, c'était me fuir, et pour les mêmes raisons : elle avait peur de moi, comme j'avais peur d'elle. Mais c'était déjà trop tard.

Pendant six mois, ça a été parfait, j'étais heureux, je n'ai rien à dire de cette période, des souvenirs dont la simplicité me fait mal à présent. Juste elle et moi. C'est tout. »

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